Sondage Opinion Way sur Dati : Bakchich déraille

Le site Bakchich.info, source à laquelle souvent s'abreuve Sabotage, joue au "grand média d'information" en copinant avec Opinion Way (entreprise de questionnaires en ligne rémunérés destinés à valoriser l'exécutif sarkozyste ; lire absolument notre enquête définitive sur le sujet, "Pour en finir avec Opinion Way").

Rien de très surprenant : Bakchich n'est pas Le Plan B. Mais lorsque le sondage en question se prend une avalanche de réactions négatives, la justification bakchichienne devient totalement foireuse et d'une absolue mauvaise foi...

Bakchich publie donc un sondage Opinion Way, "démontrant" (avec forces graphiques Excel) que "51% des Français veulent que Dati garde son poste" (première version du titre). Lorsqu'on connaît les méthodes d'Opinion Way, qui feraient passer la cuisine de l'IFOP ou de CSA pour rigoureuse et rationnelle (c'est dire), on ne s'étonne pas du résultat. En revanche, que Bakchich, censé marquer sa différence avec la médiacratie sondolâtre, s'adonne aux pratiques du Figaro et de la presse gratuite, c'est effectivement très étonnant, et naturellement très décevant.

Le journal feint de ne pas le comprendre. Il risposte en effet aujourd'hui à l'avalanche de commentaires négatifs par une pitoyable autojustification. Lisons-là ensemble...
"Dès le mardi 16 décembre à 08:13, une sanction, anonyme à défaut de divine tombe : « Bakchich semble s’ancrer de plus en plus à droite. » Ah l’insulte, la calomnie. Diable. Pas même un nom que l’on peut traîner en diffamation. Etre de droite, suprême avilissement…"
L'auteur de l'article (Xavier Monnier) souligne que la réaction est anonyme (ça-rappelle -furieusement-les-méthodes-de-la-presse-des-années-trente). Et, démocrate, il rappelle aux ignorants commentateurs anti-Opinion Way qu'être de droite n'est pas condamnable par essence ("Citoyenneté... blabla... démocratie... républicain... gnégné... débat... dialogue...").

Pas question pour Bakchich de battre sa coulpe, de regretter d'avoir déboursé on ne sait combien de centaines d'euros pour se payer cette prestation merdique auprès d'un opérateurs dépourvu de la moindre crédibilité - alors même que le journal est en grande difficulté financière. Pas question de prendre conscience du manque de sérieux des sondages, et particulièrement de ceux de cet institut, ou de leur manque d'intérêt médiatique. Non, cette bérézina était "Une jolie idée" (© Xavier Monnier).
"Attaquée, décrochée au sein du microcosme élyséen, étrillée par le milieu judiciaire dont elle a la charge, Rachida Dati n’a pas le vent en poupe. Et charitablement, Bakchich, dont elle est un peu la seconde muse après la délicieuse Ramatoulaye Yade, a cherché à confronter vision du pouvoir et vision de ses supporters. En se trompant de titre certes. Au lieu d’une majorité de Français, il fallait titrer, comme ce fut fait un temps après « les sympathisants de droite plébiscitent Rachida Dati ». Trois quart des sondés osant avouant qu’ils sont de droite, adorent la Garde des Sceaux. Malgré son côté bling-bling. Malgré ses déclarations sur l’emprisonnement des enfants dès 12 ans. Malgré sa réforme à la hache de la carte judiciaire. Fichtre, l’horrible réalité [...]"
"Confronter vision du pouvoir et vision des supporters"... C'est beau comme du Dominique Wolton. Où est la "vision du pouvoir" dans le flop bakchicho-opinionwaysque ? Où est la "confrontation" (retour au discours citoyenniste) ? Le plus énorme étant cette petite mention : le sondage d'Opinion Way, c'est, bien entendu, "l'horrible réalité". Dura lex, sed lex. C'est peut être pas satisfaisant, mais c'est la froide et intangible loi de la réalité. Hummm, let me laugh Ninja Turtle... Que quelques dizaines de péquins CSP++ rémunérés par des cadeaux, ouvertement de droite, répondent par quelques clics à un questionnaire incitatif, c'est, pour Bakchich, la réalité. Dans le domaine du foutage de gueule, on atteint en effet les frontières du réel.

Le journaliste cite ensuite très longuement un commentaire qui soutient fortement l'initiative de Bakchich. Les précédents commentaires, à charge, n'excédaient pas quelques mots. Mais lorsque vient le temps du plaidoyer, il y a 20 lignes non stop. Dialogue, confrontation, démocratie, hein, Xavier ?

Conclusion de l'ami :
"Bref, en se jetant à contre-courant du pouvoir et de son public supposé, Bakchich a ouvert deux fronts en un papier. Belle rentabilité. Heureusement, il en est des réactions des internautes comme des sondés. Toujours contestables, contestés et puisés dans une minorité."
L'autojustification de Bakchich, on l'aura compris, consiste en une tentative d'irrationalisation des réactions négatives, venant de pauvres hères anonymes qui refusent le dialogue, le pluralisme et la démocratie ; qui sont minoritaires, excédés et ne comprennent pas bien "la réalité", les chiffres.

Or, l'irrationnel, dans cette affaire, est uniquement du côté de l'hebdomadaire, qui a voulu payer son sondage, s'est adressé à l'Institut le plus contesté et l'a commenté de façon malhonête. Les gogos, c'est Bakchich, pas les commentateurs.

Hugues Serraf : la droite néolibérale colonise Rue89

Rue89 fait dans l'ouverture : le député UMP Frank Riester, par exemple, y tient un blog. Mais parmi les contributeurs du site, il y a plus à droite que Frank Riester : Hugues Serraf.

Hugues Serraf à Rue89, c'est un peu comme si Gérard Filoche tenait un bloc-note dans le Figaro. Evidemment, cet hiatus est brandi comme argument pour justifier la chose : Rue89 s'auto-félicite ("ouverture", "pluralisme") et Serraf beugle qu'il est un "libéral de gauche". "Oui, vous avez bien lu. Libéral de gauche", confesse-t-il lui-même d'un ton forban - parce que c'est un rebelle follement anticonformiste qui brise à lui tout seul tout un tas de tabous.

Le "libéral de gauche" défend à peu près tout ce que le régime sarkozyste propose. L'autonomie des universités, la réforme constitutionnelle, le traité de Lisbonne, le service minimum d'accueil à l'école, la privatisation de La Poste, la restriction de l'immigration, la réforme de l'assurance-chômage, le travail du dimanche. Il adore Margaret Thatcher, les OGM, trouve que les saboteurs du rail sont un "panthéon de crétins" (vive la présomption d'innocence) et que les grévistes sont des preneurs d'otage... Le plus savoureux étant sans doute cette justification pleine d'applomb, cette glorification, même, de l'offre d'emploi proposée par l'ANPE : un poste à Pondichéry payé 160 euros par mois. Parce que, n'est-ce pas, "passer un an ou deux dans un pays en plein boom technologique et économique pour un salaire localement raisonnable n’a rien de débile".

On le voit, à côté d'Hugues Serraf, Frank Riester est un bolchevik hirsute.

L'actualité est aux "émeutes" en Grèce, et sur ce phénomène, le chroniqueur de Rue89 a une opinion.

D'abord, Serraf rappelle qu'un lycéen qui manifeste de bonne foi, ça n'existe pas. Et ça, c'est un totem pour tout bon néolibéral-conservateur qui se respecte. "Faites le test demandez à un lycéen (ou à un étudiant) dans une manif contre quoi il proteste au juste et il vous répondra qu'il est venu gueuler contre "la privatisation de l’Education nationale et la destruction programmée de l’université"".

Il faut ensuite s'en prendre à la sociologie et à Bourdieu, passage obligé quand on dévore les "analyses" d'Ivan Rioufol d'une seule main : "Dans Libé, toujours lui, désolé, une sociologue dont je subodore qu’elle possède un poster de Bourdieu au-dessus de son lit, affirmait vendredi que nous sommes sur "une poudrière" et recyclait les mêmes clichés sur le déclassement de diplômés forcés de travailler chez McDo (elle pourrait aussi se demander s'il ne faudrait pas arrêter de former autant de ses futurs confrères chaque année pour éviter ça, mais non...)".

On note la reprise de la critique malthusienne du système éducatif, selon laquelle il faut abandonner les formations littéraires ou en sciences sociales parce qu'il n'y a pas de débouchés. Une ligne très sarko-sarkozyste, pour changer.

On en arrive, après maintes pérégrinations néoconservatrices, à la conclusion en forme d'apothéose : "C’est d’ailleurs l’un de nos seuls vrais points communs avec la Grèce, dont ni la démocratie fragile ni l'économie chancelante ne seront ragaillardies par une semaine de violence nihiliste. Et clairement, les apôtres de "L’insurrection qui vient", saboteurs ferroviaires authentiques ou pas, ne sont porteurs d’aucune bonne nouvelle."

Les violences des jeunes sont "nihilistes". Comme était "nihiliste", selon la presse qui ment, la communauté de Tarnac. On n'objectera pas au joufflu Serraf qu'il ne comprend rien au terme qu'il emploie - par définition, un nihiliste n'utilise pas la violence puisqu'il ne croit en rien (de nihil, en latin).

Face à cette débauche de "libéralisme de gauche" (rappellez-vous), il y a quelques "riverains" de Rue89 (c'est le terme un peu stupide qui prévaut sur le site) qui s'interrogent sur l'appartenance de Serraf à la gauche.

Pour toute réponse, le courageux briseur de tabous ressort un vieil article qu'il avait publié en juin dernier sur son blog dans des circonstances similaires, en l'actualisant un brin (ici la première édition, ici la version réchauffée pour Rue89). Où l'on apprend que Serraf est bien de gauche, évidemment ; mais qu'il s'amuse du manichéisme un peu bouffon qui ne s'accomode pas de la puissante "complexité" et des multiples "paradoxes" de sa philosophie politique.

Malheureusement, la mise au point ne satisfait pas les plus gauchistes des "riverains". Serraf, poussif, ressort son mépris à chaque nouvel interlocuteur. Une fois, deux fois, trois fois... Et là, tout à coup, au milieu de la discussion, ce petit commentaire étonnant apparaît :

"Personnellement, j’hallucine un tantinet au vu de l’agressivité et de la vulgarité crasse des commentaires sur l’article précédent. Tout ça me rappelle fichtrement le ton employé sur les forums de fachouilles. Je suis problablement moizossi un sale socio-libéral-démocrate vendu aux puissances occultes capitalo-mondialiste, mais je tiens à tirer mon bonnet (ne possédant point de chapeau) à H.Serraf pour sa courtoisie, sa patience et sa volonté de dialogue face aux propos carrément insultants de certains qui se lâchent d’autant plus facilement qu’ils sont bien cachés, eux, derrière l’anonymat d’un pseudo".

C'est signé "Eden" (commentaire n°24). Dans une hilarité totale, le lecteur s'aperçoit que Serraf signe ici sous un autre pseudo son petit paragraphe de self-defense pour faire croire qu'il est soutenu et auto-louanger son "courage". Le syndrôme Alain Delon a encore frappé, et le "complexe" penseur parle de lui à la troisième personne !

En langage de "jeune branleur rebelle", on dirait "MDR".

Julien Coupat et Yldune Lévy sont "Détenus Particulièrement Surveillés" !

On l'apprend au détour d'un articulet de Bakchich : Julien Coupat et Yldune Lévy, indûment déportés à la Santé et à Fleury-Mérogis, sont DPS. Détenus Particulièrement Surveillés.

Ce régime de détention spécial, réservé aux "cas" censés être les plus dangereux, les plus susceptibles d'évasion ou de rébellion, a été appliqué aux deux jeunes gens. Il faut dire que le classement DPS est automatique pour les affaires de "terrorisme"...

En utilisant donc la qualification de "terrorisme", rendue possible par une dilution irrationnelle et perverse du sens des mots et l'interprétation policière des actes présumés, l'appareil sadique-répressif a pu garder à vue les jeunes gens pendant 96 heures ; les déporter dans les camps de concentration de la Santé et de Fleury-Mérogis en dépit d'un dossier "sans preuve formelle", ainsi que l'avoue l'accusation ; les classer "DPS".
Le détenu inscrit au fichier D.P.S. se voit appliquer des mesures de sécurité particulières, mais variables selon les établissements. Les fouilles, les transferts et les contacts avec l’extérieur seront strictement surveillés. Ceci entraînant des contraintes pour le prisonnier et bien souvent pour sa famille. La famille déjà pénalisée par l’éloignement du lieu d’incarcération du détenu, conséquence de la centralisation des instructions à Paris, ne pourra effectuer ses visites au parloir que dans des conditions particulières. Les détenus particulièrement signalés- surveillés- n’ayant pas le droit de communiquer entre eux, ne peuvent donc se rencontrer au parloir ni sur le trajet pour y aller ce qui réduit d’autant les disponibilités d’attribution des heures de visites. (prison.eu.org)
A ce stade d'hypocrisie, de manipulation, où l'institution qui porte le nom de "justice" (sombre ironie) agit de concert avec la police, on tremble de rage...

La bêtise des procédures automatiques apparaît dans sa lénifiante horreur. Comme si Yldune et Julien, présumés innocents de faits pour lesquels aucune "preuve formelle" n'existe, étaient susceptibles de s'échapper... Comme s'ils étaient des "terroristes"...

L'appareil répressif, incarné ici par les barbouzards de l'anti-terrorisme, continue sa construction paranoïaque du terrorisme, comme le montre le rapport d'enquête du SDAT, dont voici les premiers mots :

"J’ai l’honneur de vous rendre compte des investigations diligentées en exécution des réquisitions citées en référence et ayant permis d’identifier et de démanteler une structure clandestine anarcho-autonome basée sur le territoire national et se livrant à des opérations de déstabilisation de l’Etat par des actions violentes menées au cours des manifestations se tenant en marge de chacun des grands événements politiques ainsi que par des actions de sabotage des infrastructures de transport."

Une "structure clandestine" tellement clandestine qu'elle tenait l'épicerie du village et louait ses locaux au Maire... "se livrant à des actions de sabotage" (tant la volaille régimaire chie sur la présomption d'innocence)...

Le classement DPS de Julien et Yldune participe de ce travail acharné à constituer des coupables pour rendre légitime l'horreur de la répression policière qui structure le régime actuel.

Les "nihilistes" de Tarnac libérés : la presse et la police déraillent

Les inculpés du 11 Novembre sont libérés.

Souvenons-nous de cette une abjecte de Libération, qui ne respectait pas la présomption d'innocence !

Souvenons-nous de cette une joffrinesque qui reprenait mot pour mot le lexique des barbouzards de l'antiterrorisme, ce concept fumeux "d'ultra-gauche", et la parole du Ministère de l'Intérieur.

Et maintenant, que sonne l'heure des comptes pour la presse régimaire et les journaleux aux ordres.

Que pense Christophe Cornevin de cette libération, lui qui parlait de "nihilistes clandestins potentiellement très violents" ? Lui qui vomissait que, "susceptibles d’être violents, ces nihilistes clandestins voulaient s’attaquer à un symbole de l’État" ? Cornevin, lui aussi, n'a pas respecté la présomption d'innocence, crachant à longueur d'articles diffamatoires que les inculpés étaient de dangereux terroristes.

Le même Christophe Cornevin, visiblement en pleine érection, était pourtant sûr de lui, une garde-à-vue de 96 heures devait normalement déboucher sur des aveux en bonne et due forme : "Les langues peuvent parfois se délier au terme d'une garde à vue de 96 heures, surtout quand des suspects d'à peine 25 ans sont sur le gril".

Pas un mot du Figaro, à 16 heures, sur ces libérations... Etonnant silence, par rapport au traîtement de l'arrestation, avec ses gros titres, ses reportages photos et ses chroniques minutes par minutes ! ("L'ADN au coeur de l'enquête", "Les images exclusives de la caténaire de la peur", etc.). Cornevin, il est où ton ADN censé prouver la culpabilité des "déséquilibrés"?

Et que penser de l'impunité de la racaille qui nous gouverne, de cette Ministre de l'Intérieur qui lâche 150 gorilles de l'anti-terrorisme pour capturer neuf jeunes, des garde-à-vues injustes et dégradantes qui durèrent plus de quatre jours et de ces incarcérations sans la moindre preuve formelle ? Des conférences de presse où MAM assurait que ces "excités" de la mouvance "autonome" étaient les coupables ? Des autosatisfecits de Sarkozy ? Des mines réjouies de Laurence Ferrari, au JT de TF1, lors de l'arrestation ?

Médias, polices, justice, gouvernement : l'épisode a montré qu'ils marchaient main dans la main pour rendre cette société plus violente, plus injuste, et moins libre.

Les méthodes de la juge Muriel Josié : fouiller les anus diffamatoires

La juge Muriel Josié a fait palper l'anus d'un journaliste, à deux reprises, pour un simple délit de diffamation.

On imagine donc que si la juge Muriel Josié "instruit" un dossier un peu plus hard (coups et blessure, par exemple), le prévenu devra s'attendre à un fist en bonne et due forme.

C'est tous les jours que cette "justice" de barbares (sauf la juge Muriel Josié, que son oeuvre rédemptrice soit fêtée pour les siècles des siècles) tabasse, humilie et torture des hommes et des femmes.

C'est au nom de l'idéologie vengeresse et répressive et du "respect des victimes" que les petits procureurs, juges, flics et autres chefaillons reproduisent sur les inculpés les comportements qu'ils sanctionnent.

La juge Muriel Josié - que ses flatulences embaument les palais de justice pendant toute la durée de sa sainte mission ! - n'a pas l'air d'être la moins assoiffée de répression des magistrats de ce pays.

Les bonnes âmes critiquent le fait que ce journaliste ait été traité "comme un criminel". Mais il est également intolérable qu'un criminel puisse être traité de cette façon. Cette douce institution qui porte le nom de "justice", nous estimons qu'elle ajoute de la violence au monde au lieu d'en soustraire, qu'elle est l'exact et radical inverse de "La" Justice, et que la juge Muriel Josié - que chacun de ses détracteurs soit immolé par le feu - est une excellente représentante de l'institution dont elle est issue.

Police partout, justice nulle part.