Quand Jean Arthuis s'en prend plein la gueule

Comme toujours, les "centristes", qui sont censés être ni-droite-ni-gauche, sont en fait des ultra-libéraux fanatiques. Le sénateur plan-plan Jean Arthuis, qui vient empuantir quelque fois les plateaux télés de son haleine de financier repu, vient de pondre pour Le Monde une grosse crotte centriste, c'est-à-dire un chant d'amour à l'ultracapitalisme darwinien le plus hardcore.

"Je me méfie du capitalisme d'Etat : l'Etat actionnaire, c'est le mélange des genres".

Rien que ça. Cette phrase veut quand même dire que le monsieur est pour la privatisation totale de La Poste, de la SNCF, etc. Déjà au moment du sarkozysme triomphant, rares étaient les gros lards à lunettes qui poussaient aussi loin la modernitude.

Mais maintenant que le capitalisme a fait la démonstration de sa débilité foncière (25 000 milliards de dollars envolés, des caisses de l'Etat vides qui soudain se remplissent pour sauver des joufflus contractants de golden hello et de golden parachutes), il est tout de même touchant, étonnant, émouvant de voir qu'il y a encore des vieux pépés apparemment un peu paumés.

Peut-être que le vent du boulet change. Les réactions à la lourde phrasounette idiote de Jean Arthuis le montrent, son gros poncif d'énarque eurocon recueille, sur le site du Monde, un accueil un peu frisquet. En gras, nos préférées.

"Mais bien sur, c'est parce que les entreprises payent trop d'impot qu'elles délocalisent. La recherche d'un rendement à 2 chiffres pour satisfaire des actionnaires rentiers n'a bien sur rien à voir. La protection sociale est la source de tous les maux... Et il nous propose quoi ce M. une retraite par capitalisation et des assurances privées comme aux US."

"Dans les premières lignes il oublie le déséquilibre capital/salaires : j'arrête de lire."

"Il me semble que M. Arthuis n'a pas encore saisi les enseignements de la crise. Il faudra pourtant un jour les reconnaître!"

"Méfions--nous de ce sénateur ! Grâce à l'Etat actionnaire, à l'ardente obligation du Plan, dont parlait le Général la France est devenue un Etat moderne dépassant un moment la Grande Bretagne ! Depuis que la finance et la boutique sont aux commandes c'est le déclin ! Qu’est- ce qui intéresse ces gens là, qui se moquent de l'Intérêt général ? Faire le maximum de profits ! Sous prétexte de compétitivité : on exploite les ouvriers Chinois et on jette à la rue les Français !"

"Ce Mr est un représentant supplémentaire du lobby qui a créé l'immense bordel financier dans lequel nous sommes plongés. C'est le blabla de quelqu'un qui redoute les nationalisations que l'on pratique outre-rhin, outre-manche et outre-atlantique. Son avis ira rejoindre la fosse des avis sans intérêt. Quant aux "investissements", j'observe que durant les 50 dernières années, c'est à l'Etat qu'on les doit: autoroute, airbus, tgv, nucléaire, etc.. Rien n'est venu du capitalisme financier!"

"L'Etat actionnaire, ce n'est pas un "mélange des genres", c'est bel et bien une prise de pouvoir que l'incroyable incurie des acteurs privés a rendue nécessaire ! Une partie de l'activité bancaire relève de la mission de service public et par conséquent de l'Etat. Qu'on aie à implémenter cela intelligemment ne veut pas dire qu'on n'aie pas à le faire !"

"Tout simplement, il n'y aurait de mélange des genres si les banques, les bourses et les grandes entreprises étaient un peu plus tournées vers la société et moins vers leur seul profit . On peut aussi dire le contraire : l'État actionnaire, c'est la garantie de la présence des citoyens à ces niveaux."

""savoir si on a les moyens de nos ambitions": les moyens on se les donne quand on a de l'ambition. Sans ambition nationale, pas d'Airbus, de TGV, de nucléaire, d'autoroutes. Si on avait attendu les rapaces financiers pour faire tout cela, rien n'existerait. Quand aux grands groupes privés Dassault, Lagardère, Veolia, Alstom et tant d'autres, ils vivent de finances publiques (commandes militaires ou aménagement du territoire) depuis 50 ans. Les Arthuis ne veulent toujours pas comprendre."

"Les citoyens ont assisté, en direct, à la création de milliards d'euros pour sauver les banques. Cela va devenir plus difficile de leur expliquer que l'on ne peut rien faire pour les sans abris, les chômeurs, l'enseignement, les retraites, l'industrie etc. L'ambition d'abord, l'intendance suivra comme disait un général célèbre."

"Quelle imagination, quelle créativité, quelle révolution!"

"Quand il s'agit de sauver les banques Arthuis ne voit pas de problème au mélange des genres. Avec un tel niveau d'analyse le pire est devant nous..."

"Les dégâts du formatage! Une analyse superficielle de la crise, expédiée en quelques mots, et retour au discours habituel, parfois pertinent mais complètement dépassé face à la gravité de la situation. Conseillons à M. Arthuis de lire l'article de M. Rocard paru dans le Monde il y a quelques jours, on peut apprendre à tout âge. Le tout est de ne pas avoir d'oeillières."

""Je me méfie du capitalisme d'Etat : l'Etat actionnaire, c'est le mélange des genres." Je partage l'avis des autres lecteurs sur la haute tenue intellectuelle du discours de ce Monsieur."

""Nous entrons dans une phase nouvelle, qui doit être marquée par une approche consciente de la globalisation." --- vous croyez sincèrement ? Parce qu'Obama a été élu, parce que Sarkozy réclamme un autre capitalisme ? L'espoir fait vivre... Bientot, tout va recommencer EXACTEMENT comme si de rien n'était... les gros capitalistes vont s'en mettre pleins les fouilles, et les petits continueront à trimer pour une misère... Quoi ? Moi ? communiste ? pourquoi ce serait-ce si mal que ça ?"

"J'arrete de lire après l'intro, je vais sur les commentaires, je rédige celui là et je change d'article... Pas la peine de lire une Nième ineptie capitaliste, surtout quand on sais depuis des années que comme 'ils' disent pour le communisme "ca ne marche pas" (enfin, si mais pas pour tout le monde...) Comment peut on encore être contre un état fortement keynesien ? Je ne comprends pas. Je dois être trop de gauche (sale régulateur va!looser!liberticide!heu...salarié!), ou pas assez friqué..."

"Ce qui est amusant, c'est qu'il y a encore des gens pour réduire le communisme à la Corée du Nord. Le mur de Berlin est tombé il y a près de 20 ans, le mur néolibéral est en train de tomber sous nos yeux. Quant à Jean Arthuis, il ferait mieux de tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de dire des bêtises."

"Jean Arthuis n'a plus 20 ans non plus... Il vit encore à l'époque où quand l'État investissait dans l'économie, il devait considérer ça comme du communisme... Aucune remise en cause, au contraire: continuons de plus belle..."

Pour conclure :

"Les réactions à cette interview sont particulièrement réjouissantes. Il y a seulement quelques semaines, on aurait eu droit aux sempiternelles arguties néolibérales : "État caca, baisser les impôts, mondialisation, etc." Ce pauvre Arthuis, lui, n'a rien compris. Il est temps qu'on se débarrasse enfin de tous ses "penseurs" et "experts" du siècle dernier."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

AAahhhhhh!
ça fait du bien!