Rachida Dati et la sarkoprison

La sarkologie, cette rhétorique à la fois victimaire et punitive, qui se fonde sur les « sarkomachies » (réfutations scénarisées d’énoncés que personne n’énonce, du genre « Alors quoi, punir les fraudeurs c’est mal ? » ; « Je ne vois pas pourquoi aimer la France serait interdit », etc.), s’est attachée récemment à un nouvel objet : la prison. C’est la nunuche en chef Rachida Dati qui s’y colle.

Après ses trips sadiques dans le style « peines plancher » (lire absolument notre article), Rachida devait s’attaquer au « volet positif » de son boulot, une loi pénitentiaire visant à améliorer les prisons françaises. Et la peu compétente ministresse de réunir un « Comité d’Orientation Restreint » (COR), composé des habituels joyeux drilles (avocats, magistrats, associatifs), chargé de faire ses propositions.

Évidemment, Rachida ne saurait faire appel à la parole d’anciens détenus (de peur qu’ils trucident la pauvre unanimité républicaine de façade de ce type de comités théodules, destinés à entériner les recommandations du pouvoir). Et les épicuriens du COR ont donc pu pondre leurs cinquante recommandations « en toute indépendance » (même si l’Administration Pénitentiaire, qui est un peu le Reichskonzentrazionsläger-Ministerium de notre « démocratie », avait pris soin de fournir, en amont ses « hypothèses » - Ô la pudique litote ! – et même si la loi s’écrivait en même temps que le COR planchait, ce qui constitue un bras d’honneur à l’endroit de ses membres).

Des recommandations qui, pour nous, saboteurs, allaient toutes « dans le bon sens », celui d’une mise en conformité des taules françaises, aujourd’hui assez similaires à ce qui se faisait aux heures les plus sombres de l’Histoire, avec les directives européennes (et pour une fois que l’intégration européenne a des effets pas trop dévastateurs, on ne va pas se priver d’en profiter).

Encellulement individuel, douches quotidiennes, durée maximale de mise au mitard réduite de 45 jours à 28, examens médicaux plus fréquents pour les vieux, droits de visites facilités, meilleur accès au RMI, droit à l’expression collective, restriction des fouilles corporelles humiliantes, etc. C’est pas encore l’abolition de cette absurdité sociale qu’est la prison, mais c’est toujours ça de pris sur la grande faucheuse. Et puis les conditions de vie carcérale sont tellement ignobles que la moindre réforme est bonne à prendre, même si elle contribue à renforcer (en l’améliorant) le système carcéral.

Seulement voilà. L’Observatoire International des Prisons, lui, trouve que les recommandations du COR sont assez pourries. Et, à lire son rapport, on comprend qu’il n’a pas tort et qu’on a vite fait de se faire rouler par la sarkologie.

Les préconisations du COR, nous dit l’OIP, sont soit « dénuées de sérieux », soit « contestables », soit elles « vont dans le bon sens mais, faute de précisions, sont réduites à des vœux pieux ». Le COR préconise par exemple des états des lieux de rentrée et de sortie de cellule : « On attend avec impatience l'état des lieux entrants de détenus en maison d'arrêt : « entrée dans une cellule vétuste, nombreuses fuites, toilettes ignobles, deux autres locataires pour neuf mètres carrés. Je m'engage à rendre ce bien dans l'état dans lequel je l'ai trouvé ». Une telle recommandation est du reste tout à fait déplacée au regard de la gravité des manquements de l'administration au regard des normes minimales d'hygiène et de salubrité. »

Bref, Rachida Dati n’est pas décidée à en finir avec la « torture blanche » qu’est l’incarcération en France. Extraits, surréalistes, des « hypothèses » (comprendre : recommandations fortement incitatives) de l’Administration Pénitentiaire : « Les règles pénitentiaires européennes sont pour l'essentiel déjà transcrites dans notre réglementation ». C’est faux, le commissaire européen chargé de ces questions a classé les prisons françaises derrière celles de la Moldavie en termes de condition de vie et de salubrité. D’autre part, l’encellulement individuel relève d’une directive européenne, et est très loin d’être respecté.

Deuxième pépite de l’AP : « Les prisons françaises ne sont pas une honte ». Paradoxe performatif, le simple fait d’énoncer une phrase revient à la contredire. Suggérer aussi crânement que les prisons ne « sont pas une honte », c’est souligner à quel point il s’en faut de peu… Il ne s’agit pas d’un mensonge, cependant. Le régime punitif et répressif de la droite néo-conservatrice est en effet assez fier de ses taules. La suite : « la France gère bien ses prisons ». Au même titre que les nazis géraient super bien leurs camps ? Dans les deux cas, il y a effectivement la même efficacité à détruire…

En somme, Dati fait encore une fois la preuve de sa tragique incompétence. Incompétence qui lui vaut de plus en plus de railleries. Le Canard Enchaîné n’hésite pas à rapporter que Sarko a une conscience précise des « limites » (qu’il est doux à nos oreilles, ce mot !) de sa mère-fouettarde de Garde des Sots. La presse entière en vient à pointer sa possible tricherie quant à ses diplômes. Un journaliste de droite, Claude Askolovitch (du Nouvel Observateur) a écrit un bouquin avec Rachida qui va bientôt sortir, c’est en fait un plaidoyer d’autodéfense : un autre livre, sobrement intitulé « La tricheuse », va éreinter l’hystérique pseudo-magistrate dans les grandes largeurs. Personne n'en connaît encore l’auteur, mais il est acquis que l’affaire du faux diplôme va faire beaucoup de bruit, et c'est tant mieux.

Nouvelle lubie de la folle furieuse : la prison à vie pour les délinquants sexuels multirécidivistes. Idée de Sarkozy. Idée anticonstitutionnelle. A quand la réhabilitation de la peine de mort (mais seulement pour "les tueurs d'enfants", comme disent les abrutis) ? A quand l'euthanasie pénale ? A quand Dati en prison ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Prisons délabrées, surpopulation carcérale (La France ne cesse de battre des records en matière de surpopulation carcérale: 12 000 prisonniers de plus que de places disponibles et le tournant répressif engagé, a conduit, en cinq ans, 10 000 personnes supplémentaires derrière les barreaux.), détentions provisoires abusive…Un rapport officiel du commissariat européen aux droits de l'Homme n'épargne aucun des aspects du système judiciaire français.

- « Sauf peut-être en Moldavie, je n'ai pas vu de centre pire que celui du Palais de Justice de Paris. »
Alvaro Gil-Robles

Marignac a dit…

Vous enregistrez les banalités écrites dans tous les canards. Vous êtes des concierges de l'altermondialisme.Vous comme moi on fait du commerce, mais vous vous êtes des escrocs, parce qu'au lieu de vendre des histoires et des sourires, vous vendez du préchi-précha.

Sabotage a dit…

"Des histoires et des sourires"... Comme c'est émouvant ! On en verserait volontiers une petite larme, devant l'abnégation poétique du conteur gouleyant des âmes et des amours que vous êtes...

Marignac a dit…

Eh Guevara, tu fais peur à tout le monde avec ton inflexibilité révolutionnaire, mais apprend à t'en servir de ta kalach pasque tu vas te la mettre dans l'œil. C'est toi qu'es venu nous cirer les pompes à Moissonneuses pour qu'on te soutienne. Ton truc est moche et rébarbatif. Tu penses que c'est la garantie de ta pureté communiste. C'est aussi la preuve que t'es un con.